Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/231

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durant huit jours, elle croisa ainsi. Les yeux des hommes étaient brouillés à force de scruter la limpidité de la mer. Phips n’avait plus de provisions. Il fallait partir. L’ordre fut donné, et la Rose-d’Alger se mit à virer. Alors Adderley aperçut à un flanc du récif une belle algue blanche qui vacillait, et en eut envie. Un Indien plongea et l’arracha. Il la rapporta, pendant toute droite. Elle était très lourde, et ses racines entortillées paraissaient étreindre un galet. Adderley la soupesa, et frappa les racines sur le pont pour la débarrasser de son poids. Quelque chose d’étincelant roula sous le soleil. Phips poussa un cri. C’était un lingot d’argent qui valait bien 300 livres. Adderley balançait stupidement l’algue blanche. Tous les Indiens plongèrent aussitôt. En quelques heures, le tillac fut couvert de sacs durs, pétrifiés, incrustés de calcaire et revêtus de petits coquillages. On les éventra avec des