Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/264

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avec deux barriques de rhum et un vieux câble. Après quoi, les hommes réussirent péniblement à remettre la Revanche à flot ; et le Major Stede Bonnet, enflé de sa première conquête, reprit la mer.

Il fit voile tout le jour et toute la nuit, ne sachant point de quel vent il était poussé. Vers l’aube du second jour, s’étant assoupi contre l’habitacle du timonier, fort gêné de son coutelas et de son espingole, le Major Stede Bonnet fut éveillé par le cri :

— Ohé de la chaloupe !

Et il aperçut à une encâblure le bout-dehors d’un vaisseau qui se balançait. Un homme très barbu était à la proue. Un petit drapeau noir flottait au mât.

— Hisse notre pavillon de mort ! s’écria le Major Stede Bonnet.

Et, se souvenant que son titre était d’armée de terre, il décida sur-le-champ de prendre un autre nom, suivant d’illustres