Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/33

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te divine, faite de cristal, la masse de feu que nous nommons soleil, et l’amour, qui contient tout, semblable à une vaste sphère.

Tous les êtres, disait-il, ne sont que des morceaux disjoints de cette sphère d’amour où s’insinua la haine. Et ce que nous appelons amour, c’est le désir de nous unir et de nous fondre et de nous confondre, ainsi que nous étions jadis, au sein du dieu globulaire que la discorde a rompu. Il invoquait le jour où la sphère divine se gonflerait, après toutes les transformations des âmes. Car le monde que nous connaissons est l’œuvre de la haine, et sa dissolution sera l’œuvre de l’amour. Ainsi il chantait par les villes et par les champs ; et ses sandales d’airain venues de Laconie tintaient à ses pieds, et devant lui sonnaient des cymbales. Cependant de la gueule de l’Etna jaillissait une colonne de fumée noire qui jetait son ombre sur la Sicile.