Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/50

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joyaux vierges. Mais il n’y prit que le rouleau de papyrus où Héraclite avait inscrit ses vers. À la lueur de la lampe sacrée il les lut et connut tout.

Aussitôt il s’écria : « Le feu, le feu ! »

Il attira le rideau d’Artemis et approcha la mèche allumée du pan inférieur. L’étoffe brûla d’abord lentement ; puis, à cause des vapeurs d’huile parfumée dont elle était imprégnée, la flamme monta, bleuâtre, vers les lambris d’ébène. Le terrible cône refléta l’incendie.

Le feu s’enroula aux chapiteaux des colonnes, rampa le long des voûtes. Une à une, les plaques d’or vouées à la puissante Artemis tombèrent des suspensions sur les dalles avec un retentissement de métal. Puis la gerbe fulgurante éclata sur le toit et illumina la falaise. Les tuiles d’airain s’affaissèrent. Herostratos se dressait dans la lueur, clamant son nom parmi la nuit.