Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/63

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paraissaient les respecter. On peut penser que, s’ils eussent été pressés par la faim, ils se seraient battus les uns les autres à coups de dents. Mais les biographes n’ont rien rapporté de ce genre. Nous savons que Cratès mourut vieux ; qu’il avait fini par demeurer toujours à la même place, étendu sous l’appentis d’un magasin du Pirée, où les marins abritaient les ballots du port ; qu’il cessa d’errer pour trouver des viandes à ronger, ne voulut plus même étendre le bras, et qu’on le trouva, un jour, desséché par la faim.