Dans l’étude que nous avons publiée il y a quelque temps sur La sociologie en France depuis 1900,[1] nous avons tenté d’esquisser un tableau de l’état présent des recherches sociologiques en France, en portant surtout notre attention sur le développement des sociologies spéciales, c’est-à-dire sur le progrès de la méthode sociologique appliquée particulièrement à tel ou tel des divers aspects de la vie collective : religion, morale et droit, économie, etc. L’objet du présent travail est différent. Il s’en tient aux études de sociologie générale, et a pour fin de donner une vue sommaire des grandes conceptions sur la nature et les conditions de la vie sociale, et par là sur l’objet même et la méthode de notre science, qui se sont partagé l’esprit des savants, et aussi des philosophes, dans ces vingt dernières années. Ces théories sont fort nombreuses ; et, à ne les considérer que d’une vue superficielle, elles forment un enchevêtrement inextricable. Il est donc nécessaire d’introduire un peu d’ordre dans cet ensemble, et de les ranger sous quelques grandes catégories. C’est ce que nous allons tenter d’abord.
Une classification rationnelle des théories sociologiques doit prendre son point de départ dans le fait que ces théories, ayant ou devant avoir un caractère scientifique, ont pour fin d’expliquer les phénomènes sociaux. Or, pour l’esprit positif,
- ↑ Die Soziologie in Frankreich seit 1900 (« Monatschrift für Soziologie », Leipzig, février 1909).
