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IVANHOÉ

Bois-Guilbert rentra dans sa tente, où il resta pendant le reste de la journée dans l’agonie du désespoir.

Sans descendre de cheval, le vainqueur demanda une coupe de vin, et, baissant la visière de son casque, il annonça qu’il buvait « à tous les vrais cœurs anglais et à la confusion des tyrans étrangers ! »

Le gigantesque Front-de-Bœuf, revêtu d’une armure noire, fut le premier qui s’offrit pour la joute. Il portait sur un bouclier blanc la tête d’un taureau noir, presque effacé par les nombreuses rencontres qu’il avait soutenues, et sur lequel se lisait cette arrogante devise : Cave, adsum.

Le chevalier Déshérité obtint sur cet adversaire un avantage léger mais décisif. Les deux chevaliers brisèrent leurs lances également ; mais Front-de-Bœuf, qui avait quitté un étrier dans le choc, fut jugé comme ayant eu le désavantage.

Dans sa troisième rencontre, contre Philippe de Malvoisin, l’étranger fut également heureux ; il frappa ce baron si vigoureusement au casque, que les courroies se rompirent, et Malvoisin, qui serait tombé s’il n’eût pas perdu son casque, fut déclaré vaincu comme ses compagnons.

Dans son quatrième combat, contre Grandmesnil, le chevalier Déshérité fit preuve d’autant de courtoisie qu’il avait jusque-là déployé de courage et d’adresse. Le cheval de Grandmesnil, jeune et ardent, se dressa sur ses pieds de derrière et se cabra en fournissant sa carrière, de manière à détourner le coup de son cavalier, et l’étranger, dédaignant de profiter de cet accident, leva sa lance et, passant près de son adversaire sans le toucher, fit faire une volte à son cheval et regagna sa place dans la lice, faisant offrir à son ennemi par un héraut la chance d’un second combat.

Grandmesnil refusa d’en profiter, s’avouant vaincu autant par la courtoisie que par l’adresse de son adversaire.

Ralph de Vipont vint terminer la liste des triomphes du vainqueur : il fut lancé à terre avec une telle force, que le