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IVANHOÉ

pères ! s’écria-t-il de nouveau, il a vaincu ; le Philistin incirconcis est tombé sous sa lance, de même que Og, roi de Basan, et Sihon, roi des Ammonites, sont tombés sous le glaive de nos pères. Sûrement il prendra leur or et leur argent et leurs chevaux de bataille, ainsi que leurs armes d’airain et d’acier, comme sa proie et comme son butin.

La même inquiétude fut exprimée par le digne juif pendant toutes les courses qui furent accomplies, et il manqua rarement de risquer un calcul rapide touchant la valeur du cheval et de l’armure qui devenaient la propriété du champion à chaque nouveau succès. Il y eut donc un très-grand intérêt attaché au triomphe du chevalier Déshérité par tous ceux qui occupaient la partie de la lice devant laquelle il passait maintenant.

Soit par indécision, soit par tout autre motif, le champion du jour demeura immobile pendant plus d’une minute, tandis que les yeux des spectateurs silencieux étaient rivés sur ses mouvements ; puis, graduellement et avec grâce, abaissant la pointe de sa lance, il déposa la couronne qu’elle soutenait aux pieds de la belle Rowena ; les fanfares retentirent sur-le-champ, tandis que les hérauts proclamaient lady Rowena la reine de la beauté et des amours pour le jour suivant, menaçant de peine proportionnée au crime tous ceux qui désobéiraient à son autorité ; ensuite ils répétèrent leur cri de largesse ! auquel Cédric, dans l’exaltation de sa joie, répondit par une ample générosité à laquelle Athelsthane, bien que d’une manière plus lente, ajouta un don non moins considérable.

Il s’éleva quelques murmures parmi les demoiselles de race normande qui avaient aussi peu l’habitude de voir la préférence donnée à une beauté saxonne qu’en avaient les seigneurs normands d’essuyer des défaites dans les jeux de la chevalerie, qu’eux-mêmes avaient établis.

Mais ces bruits de dissentiment furent étouffés par les cris populaires de « Vive lady Rowena, la bonne et légitime reine des amours et de la beauté ! » et auxquels beaucoup de