Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/23

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terceptaient les rayons du soleil couchant ; sur d’autres points, ils s’isolaient, formant ces longues avenues dans l’entrelacement desquelles le regard aime à s’égarer, tandis que l’imagination les considère comme des sentiers menant à des aspects d’une solitude plus sauvage encore. Ici, les rouges rayons du soleil lançaient une lumière éparse et décolorée, qui ruisselait sur les branches brisées et les troncs moussus des arbres ; là, ils illuminaient en brillantes fractions les portions de terre jusqu’auxquelles ils se frayaient un chemin. Un vaste espace ouvert, au milieu de cette clairière, paraissait avoir été autrefois voué aux rites de la superstition des druides ; car, sur le sommet d’une éminence assez régulière pour paraître élevée par la main des hommes, il existait encore une partie d’un cercle de pierres rudes et frustes de colossales proportions : sept de ces pierres se tenaient debout, les autres avaient été délogées de leur place, probablement par le zèle de quelque converti au christianisme, et gisaient, celles-ci renversées près de leur premier site, celles-là poussées jusque sur la déclivité de la colline.

Une grande pierre avait seule glissé jusqu’à la base de l’éminence, et, en arrêtant le cours d’un petit ruisseau qui coulait doucement à ses pieds, prêtait, par l’obstacle qu’elle lui opposait, une voix faible et murmurante à ce paisible courant, silencieux partout ailleurs.

Les créatures humaines qui complétaient ce paysage étaient au nombre de deux, et s’harmonisaient, par le costume et l’aspect, avec le caractère âpre et rustique appartenant aux forêts du West-Riding, du côté d’York, à cette époque reculée.

Le plus âgé de ces hommes avait l’apparence sombre, sauvage et féroce ; son habit était de la forme la plus simple qui se puisse imaginer : c’était une veste collante avec des manches ; cette veste était composée de la peau tannée de quelque animal, sur laquelle les poils avaient d’abord subsisté, mais avaient été depuis usés en tant d’endroits, qu’il