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IVANHOÉ.

car avec nous mourra tout ce qui oserait combattre pour sa cause.

Les gardes restèrent aussi muets à cette apostrophe qu’à la précédente ; on était arrivé devant la porte du château.

De Bracy sonna du cor à trois reprises, et les archers et arbalétriers, qui avaient paru sur le mur à l’approche de la petite troupe, se hâtèrent de baisser le pont-levis et de l’introduire.

Les prisonniers furent invités, par leurs gardes, à mettre pied à terre, et on les conduisit dans un appartement, où un repas leur fut promptement servi ; mais personne ne se sentit le moindre désir d’y toucher, si ce n’est Athelsthane. Au reste, le descendant du Confesseur n’eut guère le temps de faire honneur à la bonne chère qu’on avait placée devant lui, car les gardes lui donnèrent à entendre, ainsi qu’à Cédric, qu’on devait les enfermer dans une chambre éloignée de celle de Rowena. La résistance était impossible, et il fut obligé de se rendre dans une grande salle dont la voûte reposait sur des colonnes grossières d’origine saxonne, et qui ressemblait à ces réfectoires des chapitres de moines que l’on voit encore dans les parties antiques de nos plus vieux monastères.

Lady Rowena fut ensuite séparée de ses serviteurs et conduite, avec courtoisie il est vrai, mais toujours sans être consultée en rien, dans un appartement écarté. La même distinction alarmante fut accordée à Rébecca, malgré les supplications de son père, qui offrit même de l’argent dans cette détresse extrême pour qu’il lui fût permis de rester avec sa fille.

— Vil mécréant ! lui répondit un de ses gardes, quand tu auras vu ton cachot, tu ne souhaiteras plus que ta fille le partage.

Et, sans plus de préambule, le vieux juif fut entraîné rudement dans une direction opposée à celle des autres prisonniers. Les domestiques, après avoir été fouillés et désarmés avec soin, furent confinés dans une autre partie du