Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/261

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
255
IVANHOÉ.

furent témoins de cette lutte terrible où, après avoir déployé une valeur suprême, le roi de Norvège et Tostig périrent l’un et l’autre avec dix mille de leurs plus braves guerriers. Qui aurait soupçonné que, le jour même où cette grande bataille fut gagnée, le même vent qui agitait les bannières triomphantes des Saxons enflait aussi les voiles normandes et les conduisait sur les côtes néfastes de Sussex ? Qui aurait soupçonné que Harold, à peu de jours de là, ne posséderait plus lui-même dans son royaume que la part que, dans sa colère, il avait assignée à l’envahisseur norvégien ? Qui aurait soupçonné que vous, noble

    comme ayant eu lieu à Stamford, dans le Leicestershire, et sur la rivière de Welland. Ceci est une erreur dans laquelle l’auteur a été conduit en se fiant à sa mémoire et en confondant ainsi deux places du même nom. Le Stamford, Strangford ou Staneford, où la bataille fut réellement livrée, est un gué de la rivière de Derwent, à une distance d’environ sept milles d’York, et située dans le vaste et opulent comté de ce nom. Un grand pont de bois sur le Derwent, dont on montre la position au voyageur curieux par un arc-boutant encore debout, fut énergiquement disputé. Un Norvégien le défendit longtemps seul et fut à la fin percé d’un coup de lance, qui lui fut poussé, à travers les planches du pont, par des hommes placés dans un bateau au-dessous.

    Les environs de Stamford, sur le Derwent, offrent encore quelques indices de la bataille. On y retrouve souvent des fers de cheval, des épées, des pointes de hallebarde ; un endroit porte le nom de Danes well (puits des Danois), un autre celui de Battle plain (plaine de la bataille).

    D’après une tradition que l’arme qui servit à tuer le champion norvégien ressemblait à une poire, ou, comme d’autres disent, parce que le bateau dans lequel se trouvait le soldat qui frappa le coup avait cette forme, les gens du pays ont l’habitude d’ouvrir le grand marché qui se tient à Stamford par une cérémonie qu’on désigne sous le nom de Pear pie feast (fête du pâté de poires) ; ce qui n’est peut-être qu’une corruption de Spear-pie feast (fête du pâté de la lance). On peut recourir, pour d’autres détails, à l’Histoire d’York, par Drake. L’erreur de l’auteur lui a été signalée de la manière la plus obligeante par M. Robert Best, Esq., de Bossalhouse. La bataille eut lieu en 1066.