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IVANHOÉ.

pas considéré le danger comme sérieux et imminent. Son naturel était celui que les physionomistes attribuent aux personnes blondes : timide et paisible ; mais elle avait été altérée et pour ainsi dire endurcie par les vicissitudes de son éducation. Accoutumée à voir les volontés de tous, même celles de Cédric (assez arbitraire avec les autres), céder à ses désirs, elle avait acquis cette espèce de courage, de confiance en soi, qui provient de la déférence habituelle et constante du cercle qui nous entoure.

À peine pouvait-elle concevoir qu’on résistât à sa volonté, et bien moins encore qu’on la traitât avec une complète indifférence.

Sa hauteur et son habitude de supériorité étaient donc un caractère d’emprunt couvrant celui qui lui était naturel, et qu’elle ne put soutenir quand ses yeux s’ouvrirent sur toute l’étendue de son propre danger, ainsi que sur celui de son amant et de son tuteur ; et, quand elle vit que sa volonté, dont la moindre expression avait l’habitude de commander le respect et l’attention, était combattue par celle d’un homme d’un caractère fort, fier et résolu, qui connaissait ses avantages et voulait s’en prévaloir, elle se courba devant cet homme.

Après avoir jeté les yeux autour d’elle, comme pour chercher le secours qu’elle ne trouvait nulle part, et après quelques exclamations entrecoupées, elle leva les mains au ciel, et, ne pouvant maîtriser davantage son dépit et son chagrin, elle fondit en larmes.

Il était impossible de voir une créature si belle, réduite à une pareille extrémité, sans ressentir un vif intérêt, et de Bracy n’y resta pas insensible, bien qu’il fût encore plus embarrassé que touché.

Il s’était à la vérité trop avancé pour reculer, et cependant, dans l’état où se trouvait Rowena, on ne pouvait plus avoir d’action sur elle, ni par des raisonnements, ni par des menaces. Il parcourut la salle de long en large, tantôt en exhortant vainement la jeune fille terrifiée à se calmer,