Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/29

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maux indociles qui, soit qu’ils rencontrent des bandes de soldats, d’outlaws ou de pèlerins vagabonds, ne peuvent servir à autre chose qu’à être convertis en Normands avant l’aurore, à ta grande joie et satisfaction.

– Mes pourceaux devenir Normands à ma grande satisfaction ! s’écria Gurth. Qu’entends-tu par ces mots, Wamba ? car ma pauvre cervelle est trop lourde et mon esprit trop inquiet pour deviner des énigmes.

– Eh bien, reprit Wamba, comment appelez-vous ces animaux grognards, qui courent là-bas sur leurs quatre jambes ?

– Des pourceaux, bouffon, des pourceaux, dit Gurth ; le premier idiot venu sait cela.

– Et pourceaux, c’est du bon saxon, dit le railleur. Mais comment appelez-vous la truie, quand elle est écorchée et coupée par quartiers et suspendue par les talons comme un traître ?

– Du porc, répondit le pâtre.

– Je suis heureux de reconnaître aussi que tous les idiots savent cela, dit Wamba ; or, un porc, je pense, est du bon normand-français, de sorte que, tant que la bête est en vie et sous la garde d’un serf saxon, elle porte son nom saxon ; mais elle devient normande et on l’appelle porc quand elle est portée au château pour faire réjouissance aux seigneurs. Que dis-tu de cela, ami Gurth, hein ?

– Cette doctrine n’est que trop vraie, ami Wamba, de quelque manière qu’elle soit entrée dans ta folle tête.

– Oh ! je puis t’en dire davantage encore, fit Wamba sur le même ton. Vois ce vieux bailly-l’ox[1], il continue à porter son nom saxon tant qu’il est sous la garde de serfs et d’es-

  1. Cette plaisanterie, que nous devons nous borner à faire comprendre sans la rendre littéralement, est l’exemple de ce que dit plus haut Walter Scott de l’introduction des mots normands dans la langue saxonne. Ox et beef veulent dire tous les deux bœuf. Seulement, ox est le mot saxon, et beef le mot normand.