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IVANHOÉ.

— Adieu donc, mon maître ! soyez bon pour le pauvre Gurth et pour son chien Fangs, et faites suspendre ma crête de coq dans la salle de Rotherwood, en souvenir de ce que, en fou fidèle, j’aurai donné ma vie pour sauver celle de mon maître.

Cette dernière parole fut dite avec une expression à la fois si attendrissante et si comique, que des larmes brillèrent dans les yeux de Cédric.

— Ta mémoire sera conservée, dit-il, tant que la fidélité et l’affection seront en honneur sur la terre. Mais j’espère que je trouverai le moyen de sauver ma chère Rowena, le noble Athelsthane, et toi aussi, mon pauvre Wamba ; car ne crois pas que ton maître puisse jamais t’oublier.

Le changement d’habit fut bientôt opéré ; mais une crainte subite frappa l’esprit de Cédric.

— Je ne connais d’autre langue que la mienne, dit-il, sauf quelques mots de leur normand maudit. Comment pourrais-je me faire passer pour un révérend frère ?

— Le charme se compose de deux mots, répondit Wamba. Pax vobiscum vous servira de réponse à toutes les questions. Que vous alliez ou que vous veniez, que vous mangiez ou que vous buviez, que vous bénissiez ou que vous maudissiez, Pax vobiscum vous aidera à franchir tous les obstacles. Cette phrase est aussi utile à un moine que l’est un balai à une sorcière, ou une baguette à un enchanteur. Prononcé seulement d’une voix grave et solennelle, le Pax vobiscum est irrésistible. La sentinelle et le garde, le chevalier et l’écuyer, les fantassins et les cavaliers subissent tous son charme. Je pense que, s’ils me conduisent demain à la potence, ce qui n’est que trop probable, je pourrai éprouver son influence sur l’exécuteur des hautes œuvres.

— S’il en est ainsi, reprit son maître, mes instructions religieuses seront bientôt apprises. Pax vobiscum ! j’espère ne pas oublier le mot d’ordre. Adieu, noble Athelsthane ! Adieu aussi, pauvre enfant dont le cœur vaut mieux