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IVANHOÉ.

que Rébecca elle-même aurait été heureuse de prodiguer au chevet d’Ivanhoé blessé.

Avec une intelligence que doublait encore l’imminence du danger, prompte à saisir la moindre chance de salut, Rébecca avait conçu quelque espoir en apprenant d’Urfried la présence inaccoutumée d’un religieux dans ce château impie. Elle avait donc épié le passage du prétendu moine dans le but de l’intéresser au sort des prisonniers. Mais le lecteur vient d’apprendre comment elle échoua dans son projet.

XXVII

Lorsque Urfried, à force de clameurs et de menaces, eut renvoyé Rébecca dans l’appartement que celle-ci avait quitté, elle se mit à conduire le récalcitrant Cédric dans une petite salle dont elle ferma ensuite soigneusement la porte ; puis, tirant d’une armoire une cruche de vin et deux verres, elle les plaça sur la table, en disant d’un ton plutôt affirmatif qu’interrogatif :

— Tu es Saxon, mon père ; ne le nie pas, ajouta-t-elle remarquant que Cédric ne se hâtait pas de répondre. Le son de ma langue natale est doux à mon oreille, bien que je l’entende rarement, si ce n’est quand il sort de la bouche de misérables serfs, êtres dégradés sur qui ces fiers Normands rejettent le fardeau des ouvrages les plus vils et les plus pénibles. Tu es un Saxon, mon père ; oui, un Saxon, et, quoique tu sois le serviteur de Dieu, un homme libre ; ton accent est doux à mon oreille.

— Les prêtres saxons ne visitent donc pas ce château ? répliqua Cédric. Il me semble pourtant qu’il serait de leur devoir de consoler les enfants opprimés et repoussés du sol.