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forme des vêtements dénonçaient l’origine orientale.[1]

Tout l’aspect de ce guerrier, comme celui de sa suite, était sauvage et étrange ; l’habit de ses écuyers était res-

  1. Esclaves nègres. – Quelques critiques, d’une exactitude un peu trop sévère peut-être, ont trouvé matière à contestation, dans le teint des esclaves de Brian de Bois-Guilbert, comme complètement contraire au costume et aux habitudes. Je me rappelle qu’une pareille objection a été faite, à l’égard de certains fonctionnaires noirs que mon ami Mat Lewis introduisit comme gardes et satellites du méchant baron, dans son roman intitulé le Spectre du Château. Mat a traité cette objection avec un profond mépris, et soutenu, pour toute réponse, qu’il avait rendu les esclaves noirs afin d’obtenir un contraste frappant, et que, s’il eût pu obtenir un avantage semblable en faisant son héroïne bleue, son héroïne eût été bleue.
    xxxJe ne prétends pas plaider les immunités de mon œuvre aussi audacieusement que l’a fait pour la sienne mon ami Mat ; mais je ne veux pas admettre non plus que le moderne auteur d’un roman ancien soit tenu de se limiter à la représentation seulement de choses dont on ne peut prouver l’existence au temps qu’il décrit, pourvu qu’il ne sorte ni du possible ni du naturel, et ne fasse pas d’anachronisme flagrant. Sous ce point de vue, que peut-il y avoir de plus naturel que de voir les templiers, qui, nous le savons, imitaient exactement le luxe des guerriers asiatiques contre lesquels ils combattaient, se servir des Africains prisonniers que le sort de la guerre avait fait passer d’un esclavage dans un autre ? Je suis certain que, si nous ne possédons pas des preuves qu’ils l’ont fait, il n’y a rien, de l’autre côté, qui nous oblige positivement à en conclure qu’ils ne l’ont pas fait. De plus, un roman nous en fournit un exemple :
    xxx« Jean de Rampayne, excellent jongleur et ménestrel, entreprit d’effectuer l’évasion d’un certain Audulfe de Bracy, en se présentant déguisé à la cour du roi qui le tenait prisonnier. Dans cette intention, il teignit ses cheveux et toute sa personne d’un noir de jais, de sorte qu’il ne lui resta de blanc que les dents ; et il réussit à s’imposer au roi comme un ménestrel éthiopien. »
    xxxIl effectua par ce stratagème l’évasion du prisonnier.
    xxxIl faut donc que les nègres aient été connus en Angleterre pendant les siècles obscurs*.

    xxx*. (Dissertation sur les romans et les ménestrels, mise en tête des anciens romans en vers de Ritson, p, 187.)