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IVANHOÉ.

de-Bœuf à coups redoublés… Le géant se courbe et chancelle comme un chêne sous la cognée du bûcheron… Il tombe ! il tombe !

— Qui ? Front-de-Bœuf ? s’écria Ivanhoé.

— Oui, Front-de-Bœuf ! dit la juive. Ses hommes reviennent à la charge, conduits par le fier templier… La réunion de leurs forces oblige le chevalier noir à s’arrêter… Ils entraînent Front-de-Bœuf dans l’intérieur du château.

— Les assiégeants ont envahi la barrière, n’est-ce pas ? demanda Ivanhoé.

— Oui, ils s’en sont rendus maîtres, et ils serrent vivement les assiégés sur le mur extérieur. Les uns plantent des échelles, d’autres fourmillent comme des abeilles et tâchent de grimper sur les épaules les uns des autres. Et voilà des pierres, des poutres, des troncs d’arbre qu’on fait tomber sur leur tête, et, dès qu’on a emporté les blessés, de nouveaux combattants les remplacent à l’assaut. Grand Dieu ! as-tu donné aux hommes ton image pour qu’elle soit ainsi cruellement défigurée par la main de leurs frères ?

— Ne songe pas à cela, dit Ivanhoé ; ce n’est pas le moment de se livrer à de telles pensées. Quel est le parti qui cède ? qui a l’avantage ?

— Les échelles sont renversées, répliqua Rébecca en frissonnant ; les soldats gisent rampants sous elles comme des reptiles écrasés… Les assiégés ont le dessus.

— Que saint Georges nous soit en aide ! dit le chevalier. Est-ce que les traîtres yeomen fléchissent ?

— Non, s’écria Rébecca, ils se conduisent en vrais yeomen. Le chevalier Noir s’approche de la poterne avec sa lourde hache. Écoutez les coups foudroyants qu’il porte ; vous pouvez les entendre au-dessus du fracas de la bataille et des cris des soldats. On fait pleuvoir sur ce vaillant champion des pierres et des poutres ; mais il ne s’en émeut pas plus que si c’étaient des plumes ou du duvet de chardons.

— Par saint Jean-d’Acre ! s’écria Ivanhoé se dressant joyeusement sur sa couche, il me semblait qu’il n’y avait