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IVANHOÉ.

XXXI

Quoique Cédric n’eût pas une grande confiance en Ulrica, il n’oublia pas de faire part de ce qu’elle lui avait dit au chevalier Noir et à Locksley. Ceux-ci furent charmés d’apprendre qu’ils avaient dans la place un ami qui pourrait, au moment critique, faciliter leur entrée dans le fort.

Ils tombèrent donc facilement d’accord avec le Saxon qu’un assaut, quels que fussent les désavantages qu’il présentait, devait être tenté comme seul moyen de délivrer les prisonniers qui se trouvaient au pouvoir du cruel Front-de-Bœuf.

— Le sang royal d’Alfred est en danger ! s’écria Cédric.

— L’honneur d’une noble dame est en péril ! dit le chevalier Noir.

— Et, par le saint Christophe dont l’image est sur mon baudrier, ajouta le brave yeoman, n’y aurait-il d’autre motif que la sûreté de ce pauvre varlet, de ce fidèle Wamba, je risquerais un de mes membres plutôt que de laisser toucher à un cheveu de sa tête.

— Et moi de même ! s’écria le moine. Oui, messire, je crois bien qu’un fou (je veux dire, voyez-vous, un fou qui se conduit avec tant d’adresse et de présence d’esprit, et dont la compagnie ferait paraître un verre de vin aussi bon et aussi agréable qu’une tranche du meilleur jambon), je dis donc, mes frères, qu’un tel fou ne manquera jamais d’un sage clerc qui prie ou se batte pour lui dans un cas épineux, tant que je pourrai dire une messe ou manier une pertuisane.

En parlant ainsi, il fit tourner sa lourde hallebarde par-dessus sa tête, avec autant de facilité que l’eût fait un berger avec sa houlette.