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IVANHOÉ.

peut arriver au plus brave chevalier, vous vous trouviez rudement serré dans quelque forêt entre le Trent et le Tees, sonnez trois mots[1] ainsi : Wa-sa-hoa ! et il se pourra faire que vous trouviez des auxiliaires et du secours.

Il souffla alors dans le cor, et répéta à plusieurs reprises l’appel qu’il venait de faire, pour graver dans la mémoire du chevalier les sons qu’il indiquait.

— Grand merci de ton cadeau, brave yeoman, dit le chevalier noir ; dans un danger pressant, je ne demanderai jamais un meilleur soutien que toi et tes braves archers.

Puis, à son tour, il emboucha le cor et fit retentir la forêt des mêmes sons d’appel.

— Bien et clairement sonné ! dit le yeoman ; ma foi, je veux être damné si tu ne connais pas aussi bien le métier des forêts que celui de la guerre ; je parie que tu as été dans ton temps un rude abatteur de daims… Camarades, continua-t-il en s’adressant aux archers, souvenez-vous de ces trois mots ; c’est l’appel du chevalier au cadenas, et celui qui l’entendrait, et qui ne se hâterait pas de courir à son aide, serait fustigé avec la corde de son propre arc, et chassé de notre compagnie.

— Vive notre chef ! s’écrièrent les yeomen, et vive le chevalier noir au cadenas ! Puisse-t-il nous fournir bientôt l’occasion de lui prouver combien nous désirons lui être utiles !

Locksley procéda alors à la distribution des dépouilles, et s’en acquitta avec la plus louable impartialité. La dixième partie du butin fut mise de côté pour l’Église et pour de pieux usages ; une portion fut ensuite consignée à une espèce de trésor public ; une troisième partie fut assignée aux veuves et aux enfants de ceux qui avaient péri, ou bien à faire dire des messes pour l’âme de ceux qui ne laissaient pas de famille après eux. Le reste fut partagé entre les outlaws, selon le rang et le mérite de chacun, et le

  1. Les notes du cor de chasse étaient autrefois appelées mots, et on les rend, dans les anciens traités de chasse, par des paroles écrites et non par des notes musicales. W. S.