notre jovial chapelain vienne ici, il expliquera au révérend père les textes qui se rapportent au cas actuel.
Le frère, à moitié ivre, s’était affublé d’un froc de moine passé par-dessus son habit vert, et, appelant à son aide tous les lambeaux d’érudition qu’il avait appris par cœur dans sa jeunesse :
— Saint père, dit-il, Deus faciat salvam Benignitatem Vestram : vous êtes le bienvenu dans la forêt.
— Quelle est cette momerie profane ? s’écria le prieur. Ami, si tu appartiens réellement à l’Église, tu ferais mieux de m’indiquer un moyen de sortir des mains de ces hommes que de faire devant moi des contorsions et des grimaces comme un baladin.
— Vraiment ! révérend père, dit le moine, je ne connais qu’une voie de salut pour toi : c’est aujourd’hui chez nous la fête de saint André, et nous prélevons nos dîmes.
— Mais vous ne les prélevez pas sur l’Église, j’espère, mon bon père ? dit le prieur.
— Sur le clergé comme sur les laïques, répondit le moine ; et, par conséquent, sire prélat, facite vobis amicos de Mammone iniquitatis, faites-vous des amis du Mammon d’iniquité, c’est la seule amitié qui puisse vous tirer d’affaire.
— J’aime de tout mon cœur les bons forestiers, dit le prieur en adoucissant sa voix ; allons, ne soyez pas trop exigeants envers moi ; je m’entends aussi aux exercices de la chasse et je sais sonner du cor clairement et bravement, et crier à faire retentir la forêt de mes airs de hallali. Allons, il ne faut pas agir trop sévèrement avec moi.
— Donnez-lui un cor, s’écria Locksley ; nous allons juger de l’adresse dont il se vante.
Le prieur Aymer prit le cor et sonna une fanfare. Le capitaine secoua la tête :
— Sire prieur, dit-il, tu nous souffles une note joviale, mais cela ne saurait t’acquitter. Nous ne pouvons consentir, comme le dit la légende du bouclier d’un bon chevalier, à t’élargir pour un coup de vent. Tu es de ceux qui, par les