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IVANHOÉ.

témoin qu’il n’y a là que quelques marchandises que je te donnerais avec joie : cent yards de drap vert de Lincoln pour faire des pourpoints à tes hommes, une centaine de bâtons d’if d’Espagne pour faire des arcs, et une centaine de cordes d’arc en soie, fortes, rondes et bien égales. Je te les enverrai par amitié, honnête Richard ! si tu veux bien ne pas parler du caveau qui se trouve sous le pommier, mon brave Richard !

— Je serai muet comme un loir, dit le capitaine, et sois persuadé que je suis affligé du malheur de ta fille ; mais je n’y puis rien, les lances des templiers sont trop fortes en rase campagne pour mes archers ; ils nous disperseraient comme poussière. Si seulement j’avais été informé de l’enlèvement de Rébecca, j’aurais pu faire quelque chose ; mais à présent il faut que tu agisses de politique. Allons, veux-tu que je traite pour toi avec le prieur ?

— Au nom de Dieu ! si tu le peux, mon brave Richard, aide-moi à recouvrer la fille de mon cœur, dit le juif.

— Ne viens pas te jeter à la traverse de mes efforts avec ta funeste avarice, dit le capitaine, et je traiterai avec lui à ton avantage.

Alors l’outlaw s’éloigna du juif, qui néanmoins le suivit comme son ombre.

— Prieur Aymer, dit le capitaine, viens avec moi sous cet arbre. On dit que tu aimes le vin et les sourires des dames plus qu’il ne sied à ton ordre, sire prêtre ; mais cela ne me regarde pas. J’ai ouï dire aussi que tu aimes une couple de bons chiens et un cheval rapide, et il peut se faire que, aimant des choses aussi coûteuses, tu ne détestes pas une bourse pleine d’or ; d’un autre côté, je n’ai jamais appris que tu te fusses montré cruel ou oppresseur. Or, voici Isaac qui consent à te donner le moyen de fournir à tes plaisirs et à tes passe-temps ; il te remettra un sac de cent marcs d’argent, si ton intervention auprès de ton ami le templier lui fait obtenir la liberté de sa fille.