Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/441

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
123
IVANHOÉ.

palefrois, et la mise en liberté des révérends pères qui m’accompagnent, et de me remettre les bagues, les bijoux et les riches vêtements dont j’ai été dépouillé, puisque ma rançon est acquittée.

— Quant à vos frères, prieur, répliqua Locksley, ils seront élargis sur-le-champ, car il serait injuste de les retenir ; quant à vos chevaux et à vos mules, ils vous seront également rendus avec une somme suffisante pour gagner York ; car il serait cruel de vous priver des moyens de voyager. Mais, en ce qui concerne les bagues, les bijoux, les chaînes et autres objets semblables, il faut que vous compreniez que nous sommes des hommes de trop de conscience pour laisser à un homme aussi vénérable, mort comme vous devez l’être aux vanités de ce monde, la forte tentation de violer les règles de son ordre en portant des bagues, des chaînes et autres objets mondains.

— Songez à ce que vous faites, mes maîtres, répondit le prieur, avant de porter les mains sur le patrimoine de l’Église ; ces choses sont inter res sacras[1], et je ne sais ce qui pourrait s’ensuivre si elles étaient souillées par des mains profanes.

— Soyez tranquille à cet égard-là, révérend prieur, dit l’ermite de Copmanhurst, c’est moi qui me chargerai de ce soin.

— Ami ou frère, répondit le prieur, fort peu satisfait de cette manière de résoudre ses scrupules, si tu as réellement reçu les ordres religieux, je te prie de réfléchir au compte que tu auras à rendre à ton supérieur pour la part que tu as prise à ce qui s’est passé aujourd’hui.

— Ami prieur, répliqua l’ermite, il faut que vous sachiez que j’appartiens à un petit diocèse dont je suis en même temps l’évêque, et que je me soucie aussi peu de celui de York que de l’abbé de Jorvaulx et de tout son couvent.

— Tu es absolument hors de la voie, dit le prieur ; tu

  1. Au nombre des choses sacrées.