Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/48

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comment vous étonner qu’un simple paysan comme moi renonce à la tâche qu’ils ont abandonnée ?

Le templier allait faire une réponse en harmonie avec son caractère irascible ; mais il fut interrompu par le prieur, qui exprima de nouveau son étonnement qu’après une si longue absence leur guide connût si parfaitement toutes les passes de la forêt.

— Je suis né dans ces alentours, répondit le guide.

Et, comme il faisait cette réponse, on se trouva en face de la maison de Cédric, que nous avons déjà dit se présenter sous l’aspect d’un bâtiment bas et irrégulier contenant plusieurs cours et enclos occupant un espace considérable de terrain, lequel bâtiment, bien que sa grandeur indiquât que son propriétaire était une personne riche, différait entièrement de ces hauts châteaux à tourelles dans lesquels résidait la noblesse normande et qui étaient devenus le style universel d’architecture dans toute l’Angleterre.

Cependant Rotherwood n’était pas sans défense ; à cette époque de trouble, aucune habitation n’aurait pu l’être sans encourir le danger d’être pillée et brûlée avant le lendemain matin ; un profond fossé rempli d’eau empruntée à un courant voisin entourait tout l’édifice ; une double palissade composée de poutres pointues fournies par la forêt voisine servait de défense au bord extérieur et intérieur de la tranchée. Du côté de l’occident, il y avait une entrée à travers la palissade, laquelle communiquait dans les défenses intérieures par un pont-levis et avec une entrée semblable.

On avait pris quelques précautions pour mettre ces entrées sous la protection des angles saillants, au moyen desquels on pouvait, en cas de besoin, les flanquer d’archers et de frondeurs.

Devant cette entrée, le templier fit sonner vigoureusement son cor ; car la pluie, qui depuis longtemps menaçait, commençait à tomber maintenant avec une violence extrême.