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IVANHOÉ.

a là-bas, dans les broussailles, de la compagnie qui nous attend.

— À quoi juges-tu cela ? demanda le chevalier.

— C’est que j’ai remarqué à deux ou trois reprises l’éclat d’un casque au milieu des feuilles vertes ; si c’étaient d’honnêtes gens, ils eussent suivi le sentier ; mais ce taillis-là est une chapelle très convenable pour les clercs de saint Nicolas[1].

— Par ma foi ! dit le chevalier en fermant sa visière, je crois que tu as raison.

Il était temps qu’il prît cette précaution, car trois flèches partirent au même instant de l’endroit suspect et le frappèrent à la tête et à la poitrine ; l’une d’elles lui aurait percé le front si elle n’eût été détournée par la visière d’acier. Les deux autres furent arrêtées par son gorgerin et par le bouclier suspendu à son cou.

— Merci, ma bonne armure ! s’écria le chevalier. Wamba, en avant sur eux !

Et il piqua droit au taillis.

Six ou sept hommes d’armes s’élancèrent à sa rencontre, lance baissée. Trois des lances le touchèrent et volèrent en éclats comme si elles eussent rencontré une tour d’airain. Les yeux du chevalier noir semblaient lancer du feu par les ouvertures de sa visière ; il se leva sur ses étriers d’un air de dignité inexprimable et s’écria :

— Que signifie ceci, mes maîtres ?

Pour toute réponse, les hommes d’armes tirèrent leurs épées et l’attaquèrent de toutes parts en s’écriant :

— Mort au tyran !

— Ah ! saint Édouard ! ah ! saint Georges ! s’écria le chevalier noir abattant un homme à chaque invocation, avons-nous donc des traîtres ici ?

Ses adversaires, tout furieux qu’ils étaient, reculèrent devant un bras qui portait la mort à chaque coup, et la ter-

  1. Saint Nicolas est, dit-on, le patron des voleurs.