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IVANHOÉ.

— Non pas, de par la sainte croix ! répliqua le roi. J’ai agi avec la confiance et la franchise qu’un brave homme doit mettre dans un autre.

— Tu as raison, messire roi ; car j’avoue que tu es roi et que tu le seras en dépit de ma faible opposition. Je n’ose recourir au seul moyen de l’empêcher, bien que tu aies placé cette forte tentation à portée de ma main.

— Et maintenant revenons à ma demande, dit le roi, et je te la réclame avec autant de confiance que si tu n’avais pas refusé de reconnaître ma souveraineté légitime. Ce que j’exige de toi comme homme de parole et d’honneur, à peine d’être reconnu sans foi, parjure et infâme, c’est de pardonner et de rendre ton affection paternelle au brave chevalier Wilfrid d’Ivanhoé. Tu avoueras que, dans cette réconciliation, j’ai un intérêt : le bonheur de mon ami et le désir de voir toute dissension s’éteindre entre mes fidèles sujets.

— C’est donc Wilfrid qui t’accompagne ? demanda Cédric en montrant son fils.

— Mon père ! mon père ! s’écria Ivanhoé en se prosternant aux pieds de Cédric, accorde-moi ton pardon !

— Tu l’as obtenu, mon fils, reprit Cédric en le relevant. Le fils de Hereward respecte sa parole, même quand elle a été donnée à un Normand. Mais que je te voie reprendre le costume de tes ancêtres anglais ; pas de manteau court, pas de bonnet pimpant, pas de plumage fantasque dans ma modeste maison. Celui qui veut être le fils de Cédric, continua le Saxon, doit se montrer digne des Saxons ses ancêtres. Tu veux parler, ajouta-t-il sévèrement ; mais je sais d’avance ce que tu as à me dire. Lady Rowena doit porter deux ans le deuil en mémoire de celui qui devait être son époux. Tous nos ancêtres saxons nous désavoueraient si nous songions à une nouvelle union pour elle, tandis que la tombe de celui qu’elle devait épouser, de celui qui, par sa naissance et ses aïeux, était plus que nul autre digne de sa main, est à peine fermée. Le spectre d’Athelsthane lui-même