Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/575

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— Assurément, dit Athelsthane, les femmes sont de tous les animaux les derniers auxquels on puisse se fier ; j’en excepte pourtant les moines et les abbés. Je veux être un païen si je ne m’attendais pas à recevoir d’elle un remerciement, et peut-être un baiser. Il faut que ce maudit linceul soit ensorcelé ; tout le monde semble me fuir. Je reviens donc à vous, noble roi Richard, vous offrant de nouveau la foi et l’hommage que, comme votre fidèle sujet…

Mais le roi Richard avait aussi disparu, et personne ne savait où il était allé.

Enfin, on apprit qu’il s’était rendu en toute hâte dans la grande cour, qu’il avait fait venir le juif qui avait parlé à Ivanhoé, et qu’après deux minutes d’entretien, il s’était jeté sur un cheval, avait forcé le juif à monter sur un autre, et était parti d’un train qui, selon Wamba, mettait la peau du mécréant dans un si grand péril, qu’il n’y avait plus à y compter.

— Ma foi ! s’écria Athelsthane, il est évident que Zernebock s’est emparé de mon château pendant mon absence ! Je reviens couvert d’un linceul, gage de la victoire que j’ai remportée sur le tombeau, et tous ceux à qui j’adresse la parole semblent s’évanouir au son de ma voix ; mais à quoi bon s’en plaindre ! Venez, mes amis. Que ceux d’entre vous qui restent encore me suivent à la grande salle du banquet, de peur que d’autres ne disparaissent aussi. La table, j’espère, sera garnie comme il convient aux obsèques d’un ancien noble saxon ; mais hâtons-nous, car qui sait si le diable n’emporterait pas aussi le souper !