À ses côtés étaient Conrad de Montfichet et Albert de Malvoisin, qui remplissaient les fonctions de parrains du champion. Ils portaient le vêtement de paix, la robe blanche de l’ordre.
Après ceux-ci, venaient les autres chevaliers du Temple, avec un long cortège d’écuyers et de pages vêtus de noir, qui, à leur tour, aspiraient à l’honneur de devenir les chevaliers de l’ordre. À la suite de ces néophytes s’avançait une escorte de gardes à pied, au milieu desquels on distinguait la pâle figure de l’accusée, qui marchait, d’un pas lent mais assuré, vers le lieu où allait se décider son destin.
On avait dépouillé Rébecca de ses ornements, de crainte qu’il ne s’y trouvât quelques-unes de ces amulettes que Satan, à ce qu’on supposait, donnait à ses victimes pour les priver du pouvoir de faire des aveux, même sous la force de la torture. Ses vêtements orientaux avaient fait place à une robe blanche de la forme la plus simple ; cependant il y avait un mélange si exquis de courage et de résignation dans son regard, que, même sous cet habit, et sans autre ornement que ses longues tresses noires, tous les yeux pleuraient en la regardant, et le fanatique le plus endurci déplorait le sort qui convertissait une fille si aimable en un instrument nuisible et en une esclave du démon.
La marche était fermée par un groupe de personnages d’un rang subalterne appartenant à la préceptorerie, marchant dans un ordre parfait, les bras croisés et les regards baissés vers la terre.
Cette procession monta la pente douce au sommet de laquelle se trouvait le champ clos, et entra dans la lice, dont elle fit le tour de droite à gauche. Quand il eut parcouru le cercle entier, le cortège fit halte. Il y eut alors un moment d’agitation, tandis que le grand maître et toute sa suite, à l’exception du champion et de ses parrains, mettaient pied à terre et que leurs chevaux étaient emmenés hors de l’enceinte par les écuyers.