— Il n’est pas certain, dit Cédric, que nous y allions. Je n’aime pas ces vanités, qui étaient inconnues à nos pères lorsque l’Angleterre était libre.
— Espérons toutefois, dit le prieur, que notre société vous déterminera à en faire le voyage. Quand les routes sont si dangereuses, l’escorte du chevalier Brian de Bois-Guilbert n’est pas à dédaigner.
— Révérend prieur, dit le Saxon, partout où j’ai voyagé dans ce pays, j’ai trouvé jusqu’ici que je n’avais nullement besoin d’autre secours que celui de ma bonne épée et de mes fidèles serviteurs. À présent, si nous allons, en effet, à Ashby-de-la-Zouche, nous le ferons avec mon noble voisin et compatriote Athelsthane de Coningsburg et avec un cortège suffisant pour défier les outlaws et les barons ennemis. Je bois à vous, révérend prieur, cette coupe de vin que je recommande à votre appréciation, et je vous remercie de votre politesse. Si cependant vous suivez si rigidement les règles monastiques, ajouta-t-il, que vous préfériez une boisson de lait aigre à ce vin, ne faites pas violence à votre politesse pour me rendre raison.
— Non, dit le moine en riant, c’est seulement dans notre abbaye que nous nous imposons le lac dulce ou le lac acidum. Quand nous fréquentons le monde, nous adoptons ses usages, et, par conséquent, je réponds à votre toste avec ce bon vin, et je laisse la liqueur plus faible à mon frère lai.
— Et moi, dit le templier, je bois à la belle Rowena ; car, depuis que son homonyme a introduit son nom en Angleterre, il n’y a jamais eu de beauté plus digne d’un pareil tribut. Par ma foi ! je pardonne au malheureux Vortigern d’avoir fait faire naufrage à son honneur et à son royaume, pour peu qu’il ait eu pour cela la moitié autant de motifs que nous en admirons en ce moment.
— Je n’abuserai pas de votre politesse, messire chevalier, dit avec dignité lady Rowena sans se dévoiler, ou plutôt je la mettrai à contribution pour vous demander les dernières nouvelles de la Palestine, sujet de conversation