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CHAPITRE XI

L’enlèvement.


Trois brigands me saisirent hier matin, pauvre fille abandonnée ; ils étouffèrent mes cris avec force et méchanceté, et me lièrent sur un blanc palefroi. Aussi sûrement que j’espère que le ciel aura pitié de moi, je ne saurais dire quels hommes c’étaient.
CHRISTABELLA.


La marche de notre histoire doit rétrograder un peu, afin de pouvoir détailler les circonstances qui avaient placé miss Vère dans la fâcheuse situation d’où elle avait été délivrée, sans qu’elle s’y attendît, et, dans le fait, sans qu’il y eût intention, par l’apparition d’Earnscliff et d’Elliot, avec leurs amis et leurs compagnons, devant la tour de Westburnflat.

La veille de la nuit pendant laquelle la maison de Hobbie avait été brûlée, miss Vère fut invitée par son père à l’accompagner dans une promenade qu’il se proposait de faire dans une partie éloignée des sites romantiques qui se trouvaient aux environs de son château d’Ellieslaw. « Entendre, c’était obéir », dans le vrai style du despotisme oriental. Mais Isabelle tremblait en silence, pendant qu’elle suivait son père à travers d’étroits sentiers, tantôt le long d’un ruisseau qui serpentait, tantôt grimpant les collines qui lui servaient de rives. Un seul domestique, choisi peut-être à cause de sa stupidité, les accompagnait. D’après le silence de son père, Isabelle ne douta