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Banquet des conspirateurs.

l’Écosse avait été indignement dépouillée de son indépendance, de son commerce et de son honneur, et abattue, comme une esclave enchaînée, aux pieds de sa rivale, contre laquelle, pendant une si longue suite de siècles, à travers un si grand nombre de dangers, et par la perte de tant de sang, elle avait si honorablement défendu ses droits. C’était toucher un sujet qui trouva une corde correspondante dans le sein de chaque membre présent.

« Notre commerce est détruit », cria le vieux John Newcastle, contrebandier de Jedburgh, qui était assis au bas bout de la table.

« Notre agriculture est ruinée », dit le laird de Brokert-Girth Flow, « territoire qui, depuis Adam, n’avait jamais produit que de la bruyère et de l’airelle.

« Notre religion est entièrement bouleversée », dit le pasteur, au nez bourgeonné, de la chapelle épiscopale de Nirkwhistle.

« Nous n’oserons bientôt plus tuer un daim, ni embrasser une jeune fille, dit Mareschal-Wells, sans un certificat du presbytère et du marguillier.

— Ou faire un jéroboam d’eau-de-vie dans une matinée d’hiver, sans une licence du commis de l’excise, dit le contrebandier.

— Ou faire une promenade à cheval dans une nuit obscure, dit Westburnflat, sans en avoir obtenu la permission du jeune Earnscliff ou de quelque juge de paix devenu Anglais ; c’était le bon temps sur la frontière, lorsqu’il n’était question ni de paix, ni de justice !

— Souvenons-nous des injures que nous avons souffertes, à Darien et à Gleneve, continua Ellieslaw, et prenons les armes pour défendre nos droits, nos propriétés, nos vies et nos familles.

— Songez à la pure et vénérable ordination épiscopale, sans laquelle il ne peut y avoir de clergé légitime, dit l’homme d’église.