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Le Miroir de ma Tante Marguerite

plusieurs instruments à l’usage des sorciers. Lorsqu’elles entrèrent dans la chambre, elles ne purent d’abord distinguer ces objets ; car, n’étant éclairée que par la lueur de deux lampes expirantes, il y faisait extrêmement sombre. Le maître, pour me servir de l’expression des Italiens à l’égard de ces personnages, s’approcha de l’espèce d’autel en faisant une génuflexion comme celle d’un catholique devant un crucifix. Les deux dames avancèrent en silence, se donnant toujours le bras. Deux ou trois marches fort basses conduisaient à une plate-forme sur le devant de cet autel, si toutefois on pouvait l’appeler ainsi. Là le maître s’arrêta et plaça les deux dames à côté de lui, leur recommandant de nouveau de garder le silence. Alors, l’Italien étendant son bras droit de dessous son manteau, avança l’index vers cinq grands flambeaux ou torches placés à chaque côté de l’autel, ils s’allumèrent à l’approche de sa main ou plutôt du doigt, et répandirent une vive clarté dans toute la chambre. Alors les deux sœurs purent distinguer sur cette espèce d’autel deux épées nues et croisées, un grand livre ouvert, qu’elles pensèrent être la Bible, mais dans un langage qui leur était inconnu ; et à côté de ce volume mystérieux était un crâne humain. Mais ce qui les étonna le plus, ce fut un grand miroir qui occupait tout l’espace derrière l’autel, éclairé par les torches, et qui réfléchissait les objets mystérieux qui se trouvaient dessus.

« Le maître se plaça ensuite entre les deux dames, et leur montrant le miroir, les prit chacune par la main sans leur dire un mot. Elles fixèrent leurs yeux sur la surface polie vers laquelle il dirigeait leur attention : tout à coup elle réfléchit non seulement les objets placés devant elle ; mais, comme si elle contenait intérieurement des scènes qui lui étaient propres, d’abord les objets parurent d’une manière confuse, comme des formes vagues sortant d’un chaos,