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Le Miroir de ma Tante Marguerite

Bothwell, lorsqu’elle raconta cette merveilleuse histoire, « qu’à l’agitation du reflet d’un étang calme et profond, lorsqu’on y jette une pierre et que les rayons se dispersent et s’effacent. »

« Le maître pressa les mains des deux dames avec sévérité, comme pour leur rappeler leur promesse et le danger qu’elles avaient couru. L’exclamation que lady Forester était prête à faire s’arrêta, et la scène du miroir, après une fluctuation d’une minute, reprit encore sa première apparence d’une véritable scène représentée dans un tableau, excepté que les figures étaient mouvantes au lieu d’être stationnaires.

« La figure de sir Philippe était alors visible ; il parut conduire vers le ministre la jeune personne qui s’avançait en même temps avec une timidité mêlée d’une tendre fierté. Au moment où le ministre venait de placer la société et était prêt à commencer le service, un autre groupe, dans lequel étaient deux ou trois officiers, entra dans l’église. Ils s’avançaient comme poussés par la curiosité ; mais tout à coup un d’entre eux, qui tournait le dos aux spectateurs, se détacha de sa société et se précipita vers les mariés, et tous se regardèrent, comme étonnés par l’exclamation qu’il venait de faire. Aussitôt cet officier et le marié tirèrent leurs épées, et ils marchèrent l’un sur l’autre ; il y eut aussi des épées tirées de part et d’autre. Alors il se fit un grand tumulte ; le ministre et les personnes âgées paraissaient vouloir rétablir la paix. Enfin, tandis que les plus animés des deux partis brandissaient encore leurs armes, le court espace de temps que le devin avait promis des effets de son art expira. Les vapeurs se mêlèrent, la voûte et les colonnes de l’église se séparèrent et disparurent graduellement, et la surface du miroir ne réfléchit plus rien que les lumières des torches et les tristes appareils placés sur l’autel.

« Le docteur ramena les dames, qui eurent grand besoin de son secours dans l’appartement où elles