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La rencontre

Le jeune Earnscliff, du domaine de ce nom, avait depuis peu atteint sa majorité et hérité d’une fortune peu considérable, parce qu’elle avait beaucoup souffert à cause de la part que ses parents avaient prise dans les troubles de l’époque. Sa famille était généralement respectée dans le pays, et il n’y avait pas de doute que le jeune héritier ne maintînt parfaitement cette réputation, vu la bonne éducation qu’il avait reçue et les excellentes qualités dont il était doué.

« Certes, Earnscliff, s’écria Hobbie, je suis toujours charmé de rencontrer Votre Honneur quelque part que ce soit, et surtout dans un lieu solitaire comme celui-ci, on est bien aise d’être en compagnie. Où avez-vous été chasser aujourd’hui ?

— Jusqu’au Carle’s-Cleugh, Hobbie, » répondit Earnscliff en lui rendant son salut. « Mais croyez-vous que nos chiens se maintiennent en paix ?

— Oh ! ne craignez rien de la part des miens, dit Hobbie, ils peuvent à peine se tenir sur leurs pattes. Mais, en vérité, je crois que les daims ont fui le pays. J’ai été jusqu’à Inger-Fill-Foot, et du diable si j’ai vu une seule corne, sauf trois jeunes daims sauvages, qui ne m’ont jamais laissé venir à portée de les tirer, quoique j’aie fut un détour d’un mille pour prendre le vent et tout ce qui s’ensuit. Pour mon compte je m’en souciais fort peu ; seulement j’aurais voulu apporter un peu de gibier à ma vieille bonne mère qui est assise dans son coin là-bas, contant des histoires des grands chasseurs et des fameux tireurs du temps passé. Ma foi, pour ma part, je crois qu’on a tué tous les daims qui étaient dans le pays.

— Eh bien ! Hobbie, je vous dirai que j’ai tué un excellent chevreuil que j’ai envoyé ce matin à Earnscliff, vous en aurez la moitié pour votre grand’mère.

— Bien des remercîments, monsieur Patrick, dit Hobbie ; vous êtes connu dans tout le pays pour votre bon cœur. Cela va réjouir le cœur de la bonne femme,