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La rencontre

— Allons, n’en parlons plus, Hobbie. Ce fut une querelle occasionnée par le vin et la politique : plusieurs épées furent tirées, et il est impossible de dire qui est celui qui porta le coup.

— Quoi qu’il en soit, répliqua Hobbie, le vieux Ellislaw fut fauteur et complice, et je suis bien sûr que si vous étiez disposé à vous venger sur lui, personne ne vous désapprouverait, car ses mains sont encore teintes du sang de votre père, et il n’y a que vous qui puissiez en tirer vengeance ; d’ailleurs Ellislaw est un épiscopal et un jacobite. Je puis vous dire que tous les gens du pays s’attendent à ce qu’il se passe quelque chose entre vous deux.

— Oh, fi donc, Hobbie ! vous qui prétendez avoir de la religion, exciter votre ami à contrevenir à la loi, à se venger de ses propres mains, et dans un lieu désert comme celui-ci, où nous ne savons par quels êtres nous pouvons être écoutés !

— Chut, chut ! » dit Hobbie, en se rapprochant de lui, « je ne pensais à rien de tout cela… Mais je devine à peu près ce qui retient votre bras, monsieur Patrick ; nous savons bien que vous ne manquez pas de courage. Ce sont certainement les deux yeux châtains d’une jolie fille, de miss Isabelle Vère, qui vous tiennent si tranquille.

— Je vous assure, Hobbie, que vous vous trompez, » répondit Earnscliff d’un air un peu fâché ; « et c’est fort mal à vous d’avoir ou d’exprimer une telle pensée ; je n’aime pas que l’on s’oublie au point de lier mon nom à celui d’aucune jeune demoiselle.

— Eh bien ! le voilà, maintenant, le voilà, répliqua Elliot ; ne disais-je pas que ce n’était pas le manque de courage qui vous rendait si doux ? Allons, allons, je n’ai pas eu l’intention de vous offenser ; mais il y a une observation qu’il faut que je vous fasse en ami. Le vieux laird d’Ellislaw a l’ancien sang du pays plus chaud dans ses veines que vous. Au fait, il n’entend rien aux nouvelles idées de paix et de