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Visite au solitaire

vail fut de couper des joncs et de couvrir sa demeure, ce qu’il exécuta avec une dextérité extraordinaire.

Comme d’autres secours que ceux qu’il pouvait tirer accidentellement d’un passant paraissaient lui répugner, on lui fournit des matériaux convenables à son objet, ainsi que des outils, dont il fit usage avec beaucoup d’habileté. Il construisit la porte et la fenêtre de sa cabane, arrangea un bois de lit grossier, plaça quelques tablettes, et parut devenir d’une humeur moins bourrue à mesure que son habitation devenait plus commode.

Il s’occupa ensuite à former une forte clôture et à cultiver aussi bien qu’il lui fut possible le terrain qu’elle renfermait ; et à force de transporter du terreau et de le travailler avec le sol, il parvint à se faire un petit jardin. On doit naturellement penser que, ainsi que nous l’avons déjà fait entendre, cet être solitaire était de temps en temps aidé par les voyageurs qui traversaient par hasard le Moor, aussi bien que par diverses personnes que la curiosité engageait à venir visiter ses travaux. Il était effectivement impossible de voir une créature humaine, qui, au premier coup d’œil, était si peu propre à des ouvrages de fatigue, travailler avec urne assiduité aussi constante, sans s’arrêter quelques minutes pour l’aider dans ses opérations ; et comme aucun de ces aides accidentels ne connaissait le degré d’assistance que le Nain avait reçu d’autres personnes, la rapidité de ses progrès ne perdait rien à leurs yeux de ce qu’elle avait de merveilleux. L’apparence de force et de solidité de la cabane, construite en un si court espace de temps et par un tel être, et l’habileté supérieure qu’il montrait dans la mécanique et dans les autres arts, tout cela contribua à donner des soupçons aux habitants du voisinage. Ils soutenaient que, si ce n’était pas un fantôme, opinion qu’ils avaient abandonnée, puisqu’il paraissait bien clairement que c’était un être vivant, il fallait cependant qu’il eût