Page:Scott - Le nain noir, Le miroir de ma tante Marguerite, trad Montémont, 1916.djvu/68

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le seul soupçon qu’il a ces moyens ne l’exposera-t-il pas à être pillé et assassiné par quelqu’un des brigands qui sont dans le voisinage ?

— Mais vous oubliez que l’on dit que c’est un sorcier, dit Nancy Ilderson.

— Et si sa magie diabolique venait à lui manquer, répliqua sa sœur, je lui conseillerais de se fier à sa magie naturelle, et de présenter subitement son énorme tête et son visage hors de nature en dehors de la fenêtre, justement en vue des assaillants. Je doute que le plus hardi voleur voulût se hasarder à lui jeter un second coup d’œil. Quant à moi, je voudrais avoir à ma disposition cette tête de Gorgone, seulement pendant une demi-heure.

— Pourquoi faire, Lucy ? demanda miss Vère.

— Oh ! je ferais fuir du château ce sombre, raide et pompeux sir Frédéric Langley, qui est si fort dans les bonnes grâces de votre père, et si peu dans les vôtres. Je vous proteste que je serai toute ma vie reconnaissante envers le sorcier, seulement pour la demi-heure pendant laquelle nous avons été débarrassées de la compagnie de cet homme, en nous écartant de la route pour aller rendre visite à Elshie.

— Que diriez-vous donc ? » dit miss Vère à voix basse, et de manière à ne pas être entendue de la plus jeune sœur, qui marchait en avant, le sentier étant trop étroit pour admettre trois personnes de front, « que diriez-vous, ma chère Lucy, si l’on vous proposait de joindre sa compagnie à la vôtre pour la vie ?

— Ce que je dirais ? répondit-elle ; je dirais : Non, non, non, trois fois non, et chaque fois plus haut que la précédente, jusqu’à ce qu’on m’ait entendue à Carlisle.

— Et sir Frédéric dirait alors que dix-neuf refus sont un demi-consentement, dit miss Vère.

— Cela dépend entièrement, répliqua miss Lucy, de la manière dont ces refus sont exprimés. Je vous déclare que les miens seraient absolument péremp-