souvent le gage d’une réconciliation. Vous riez de mon érudition en fait de romans ; mais je vous assure que, si votre histoire était écrite, comme celle de plus d’une héroïne moins malheureuse et moins digne d’être célébrée, le lecteur judicieux vous déclarerait la dame et l’amante d’Earnscliff, d’après l’obstacle même que vous regardez comme insurmontable.
— Mais nous ne sommes plus au temps des romans, dit miss Vère, mais bien à celui des tristes réalités, car voilà le château d’Ellieslaw.
— Et voilà sir Frédéric Langley à la porte, ajouta miss Ilderson, tout prêt à aider aux dames à descendre de leurs palefrois. J’aimerais autant toucher un crapaud, mais je veux le désappointer et prendre le vieux Horsington, le valet d’écurie, pour mon grand écuyer. »
En parlant ainsi, l’enjouée jeune dame donna un
coup de houssine à son cheval, fit en passant un
salut familier à sir Frédéric, qui se disposait à le
saisir par la bride, continua à aller au petit galop et
sauta dans les bras du vieux palefrenier. Isabelle en
aurait bien fait autant si elle eût osé ; mais son père
était là, et un sombre mécontentement se manifestait
déjà sur une figure particulièrement propre à
exprimer des passions plus acerbes ; elle se vit donc
forcée de recevoir les soins de son odieux adorateur.