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Le Nain Noir

passion, je devais en avoir pour qui que ce fût ! Que le destin fasse rouler son char armé de faux à travers la masse désolée et tremblante de l’humanité, et je ne serai pas assez sot pour aller jeter ce corps décrépit, cette masse informe de mortalité, sous les roues de son char, pour qu, e le Nain, le sorcier, le bossu, puisse sauver du danger quelque être plus beau et plus actif, et que tout le monde applaudisse à cet échange ? Non, jamais… Et cependant cet Elliot… Ce pauvre Hobbie, si jeune, si brave, si franc, si… je ne veux plus y penser. Je ne pourrais le secourir quand même je le voudrais, et je suis résolu… fermement résolu à ne pas le secourir, quand même le désir que j’en formerais serait le gage de sa sûreté. »

Ayant ainsi terminé son soliloque, il rentra dans sa cabane pour se mettre à l’abri de l’orage qui s’approchait rapidement, et de la pluie qui s’annonçait par de lourdes et larges gouttes. Les derniers rayons du soleil disparurent entièrement, deux ou trois coups de tonnerre se firent entendre au loin, se succédant à de courts intervalles, et en faisant retentir les montagnes du voisinage, comme le bruit de quelque bataille qui aurait eu lieu dans le lointain.