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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

— Et vous, Allan, que pensez-vous ? dit le colonel au major.

Le major était un vieil officier, plein de sens et d’expérience. — Ces drôles, dit-il, sont trois ou quatre contre un. En rase campagne, cette circonstance m’inquiéterait peu, mais ils ont l’avantage du terrain ; leur position est très forte, et ils ne paraissent nullement disposés à l’abandonner. Je pense donc que le parti le plus sage serait d’établir notre quartier général à Tillietudlem, d’intercepter toute communication entre les montagnes et le plat pays, et d’envoyer demander des renforts à lord Ross, qui est à Glascow avec un régiment d’infanterie. Par ce moyen, nous leur intercepterions la route de la vallée de la Clyde, et nous ferions tomber leur position ; s’ils persistaient à s’y maintenir, nous les en débusquerions plus aisément avec une bonne infanterie capable d’agir efficacement parmi ces fossés, ces fondrières et ces flaques d’eau.

— Allons donc, dit le cornette, que signifie l’avantage d’une position quand elle est gardée par des fanatiques.

— On peut ne pas se battre plus mal parce qu’on honore la Bible et le psautier, répliqua le major.

— Silence, Messieurs ! dit Claverhouse. Je serais assez disposé à suivre votre avis, major, si nos vedettes nous avaient prévenus à temps du nombre et de la position des rebelles. Mais nous étant présentés en ordre de bataille, la retraite du régiment des gardes serait attribuée à la timidité, augmenterait la présomption de ces gens-là, et deviendrait le signal d’une insurrection générale, et alors bien loin d’obtenir des renforts de lord Ross, nous pourrions avoir à craindre de voir couper nos communications avec lui. La cause du roi n’en souffrirait pas moins que de la perte d’une bataille. Quant à notre sûreté personnelle, je suis sûr que c’est une considération à laquelle ne pense, même pour un seul instant, aucun des gentilhommes qui m’écoutent. On trouvera sûrement dans ces marais quelque endroit par lequel nous pourrons pénétrer ; et, une fois sur un bon terrain, je me flatte qu’il n’est pas un cavalier dans mon régiment qui ne soit convaincu que nous viendrons aisément à bout de ces misérables, fussent-ils deux fois plus nombreux. — Qu’en pensez-vous, lord Evandale ?

— Je pense que, quelle que soit l’issue de cette journée, elle verra couler bien du sang ; que nous aurons à regretter la perte de maint brave, et que nous serons obligés de massacrer un grand nombre de ces hommes égarés, qui, après tout, sont comme nous des Écossais.

— Dites des rebelles ! s’écria Claverhouse avec feu ; des scélérats qui ne méritent ni le nom d’Écossais ni celui de sujets du roi ! — Mais, je vous en prie, Milord, quelle est votre opinion ?