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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

ennemi appelé le temps, avec lequel les vétérans sont presque constamment en état d’hostilité.

On a fréquemment remarqué que les nouvelles des événements importants se répandent avec une célérité qui surpasse toute croyance, et que des rapports, vrais quant au fond, quoique inexacts dans les détails, précèdent toujours l’annonce officielle, comme si des oiseaux les avaient apportés à travers les airs. Harrison n’était encore qu’à quatre ou cinq milles de Tillietudlem, lorsqu’il arriva dans un village où le bruit de la victoire des presbytériens s’était déjà répandu ; il recueillit à la hâte les détails qu’on put lui donner, et, tournant bride, il repartit au galop. En arrivant, son premier soin fut de chercher le major.

Le major causait encore avec Gudyil. — Vous devez vous souvenir, disait-il, que ce fut au siège de Dundee que je…

— Fasse le ciel, Monsieur, s’écria Harrison, que nous ne voyions pas demain celui du château de Tillietudlem.

— Que voulez-vous dire, Harrison ? Que diable cela signifie-t-il ?

— Sur mon honneur, monsieur le major, le bruit général, et qui ne paraît que trop fondé, est que le colonel Claverhouse a été battu ; quelques-uns disent même qu’il est tué ; on ajoute que le régiment est en déroute, et que les rebelles s’avancent de ce côté.

— Je n’en crois rien, répondit le major en se levant brusquement ; jamais on ne me persuadera que le régiment des gardes ait reculé devant les rebelles. Pique, remontez à cheval, et avancez du côté de Loudon-Hill, jusqu’à ce que vous ayez des renseignements certains sur tout ce qui s’est passé. — Mais, en mettant les choses au pis, Gudyil, je pense que ce château serait en état d’arrêter quelque temps les rebelles, s’il y avait des vivres, des munitions et une garnison. Sa position est importante ; elle commande le passage entre le haut et le bas pays. Il est heureux que je sois venu ! — Harrison, faites prendre les armes à tout ce qui se trouve d’hommes ici. — Gudyil, voyez les provisions que vous avez et celles qu’on peut se procurer. Faites amener les bestiaux de la ferme dans les écuries du château. Le puits ne tarit jamais. Il y a quelques vieux canons sur les tours. Si nous avions des munitions !

— Les soldats, dit Harrison, en ont laissé ce matin.

— Hâtez-vous de les faire entrer au château, et réunissez toutes les armes que vous pourrez vous procurer. — Fort heureux que je sois ici ! — Mais il faut que je parle à ma sœur.

En apprenant une nouvelle si inattendue et si alarmante, lady Marguerite fut abasourdie. Il lui avait semblé que la force imposante qui avait quitté son château dans la matinée suffisait pour mettre en déroute tous les mécontents d’Écosse, et sa première