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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

— Je ne suis pas politique, Milord, et ces distinctions sont trop subtiles. Mon épée appartient au roi, et je suis prêt à la tirer.

— J’espère, major, que vous verrez que la mienne ne tient pas au fourreau ; mais je voudrais de tout mon cœur m’en servir contre des ennemis étrangers. Au surplus, je vois l’ennemi s’avancer.

L’armée des insurgés commençait effectivement à se montrer sur une colline. Elle prit la direction du château, mais fit halte avant d’être arrivée à portée de canon. Elle paraissait beaucoup plus nombreuse qu’on ne l’avait présumé ; et, à en juger par la profondeur de ses colonnes, il fallait qu’elle eût reçu des renforts considérables. De part et d’autre, il y eut un moment d’anxiété, et les rangs des covenantaires semblaient hésiter à s’engager plus avant. Enfin, de cette masse se détachèrent trois ou quatre cavaliers, qui paraissaient être des chefs : ils s’avancèrent et gagnèrent une petite hauteur plus rapprochée du château,

John Gudyil pointa un canon sur ce groupe, puis se tournant vers le major :

— Mon commandant, ferai-je feu ?

Le major regarda lord Evandale.

— Patience, dit celui-ci ; je vois qu’ils déploient un drapeau blanc.

En effet, un des cavaliers mit pied à terre et s’achemina seul vers les murailles, portant un drapeau blanc au bout d’une pique. Le major et lord Evandale descendirent de la tour, et s’avancèrent jusqu’à la première barricade pour le recevoir, ne jugeant pas à propos de le laisser entrer dans l’intérieur de la place, tandis que de leur côté les compagnons du parlementaire allaient rejoindre l’armée, comme s’ils eussent prévu les intentions favorables de Gudyil à leur égard.

À en juger par son air et son maintien, l’envoyé des presbytériens paraissait rempli de cet orgueil, caractère distinctif de cette secte enthousiaste.

Lord Evandale ne put s’empêcher de sourire en examinant cette figure grotesque à travers les barrières.

— Avez-vous jamais vu pareil automate ? dit-il.

— Il me rappelle mes anciennes connaissances. C’est un vrai puritain. — Écoutez, il va faire une sommation avec un texte de sermon en place de trompette.

Miles Bellenden, qui dans les guerres civiles avait eu plus d’une occasion de connaître le jargon et les manières de ces fanatiques, ne se trompait pas dans ses conjectures ; seulement, au lieu d’un exorde de sermon, l’envoyé, qui était le laird de Langcale, entonna d’une voix de stentor la paraphrase du 24e psaume.