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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

— Si vous voulez dire que je préférerais terminer cette guerre sans effusion de sang, vous avez parfaitement raison.

— Et je n’ai pas tort de penser que tu n’exclurais pas de cette pacification générale tes amis de Tillietudlem.

— Certainement je dois trop de reconnaissance au major Bellenden pour ne pas souhaiter de lui être utile. Je n’ai jamais fait un mystère de mes sentiments pour lui.

— Quand tu aurais voulu me les cacher, je ne les en aurais pas moins découverts. Maintenant, écoute, Bellenden a des vivres pour un mois.

— Ses provisions ne peuvent durer plus d’une semaine,

— On le dit ; mais j’ai acquis la preuve qu’il a lui-même répandu ce bruit afin de déterminer la garnison à une diminution de ration, pour faire traîner le siège en longueur.

— Et pourquoi n’en avoir pas instruit le conseil de guerre ?

— À quoi bon détromper là-dessus Kettledrummle, Macbriar, Poundtext et Langcale ? Tu sais toi-même que tout ce qu’on leur dit est transmis à l’armée entière par la bouche des prédicateurs. L’armée est déjà découragée en songeant qu’il faudra peut-être passer huit jours devant ce château ; que serait-ce si elle apprenait qu’au lieu d’une semaine ce sera un mois ?

— Mais pourquoi me l’avoir caché, quelles sont vos preuves ?

— En voici plusieurs, dit Burley en lui montrant un grand nombre de réquisitions envoyées par le major pour faire fournir au château des grains, des bestiaux et des fourrages.

La quantité en était telle, que Morton ne put s’empêcher de penser que le château se trouvait approvisionné pour plus d’un mois. Mais Burley se garda bien d’ajouter, ce dont il était parfaitement instruit, qu’on n’avait pas satisfait à la plupart de ces réquisitions, et que les dragons chargés de les porter avaient souvent vendu dans un village les provisions qu’ils venaient d’obtenir dans un autre.

— Il ne me reste plus qu’une chose à te dire, reprit Burley, ce n’est qu’aujourd’hui que ces papiers m’ont été remis. Tu vois donc que tu peux aller avec joie devant Glascow : tu es bien assuré qu’en ton absence il ne peut arriver rien de fâcheux à tes amis, puisque le château est approvisionné, que je n’aurai plus une force suffisante pour tenter de le prendre d’assaut.

— Mais, dit Morton qui éprouvait une répugnance à s’éloigner de Tillietudlem, pourquoi ne pas me charger de commander le blocus ? Pourquoi ne marchez-vous pas vous-même sur Glascow ?

— Je me fais vieux. Ta carrière est à peine ouverte. Tu as encore à prouver que tu es digne de la confiance que les chefs de