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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

— Je ne nie pas qu’il ne soit possible que j’y aie été.

— Répondez directement : oui, ou non.

— Il ne m’appartient pas de contredire Votre Grâce.

— Encore une fois, y étiez-vous, ou n’y étiez-vous pas ?

— Quel homme peut savoir où il a été tous les jours de sa vie ?

— Coquin, s’écria le général Dalzell, si tu ne réponds pas mieux, je vais te faire sauter les dents de la bouche avec le pommeau de mon poignard. — Crois-tu que nous puissions passer la journée à t’interroger et à te poursuivre de question en question.

— Eh bien donc, puisque rien autre chose ne peut vous contenter, écrivez que je ne peux pas nier que j’y aie été.

— Maintenant, dit le président, croyez-vous que le fait de s’armer en cette occasion équivale à un acte de rébellion ?

— Je ne suis pas trop libre de donner mon opinion sur ce qui pourrait mettre mon cou en danger ; mais ce fait ne vaut guère mieux…

— Mieux que quoi ?

— Ne vaut guère mieux que rébellion, comme Votre Honneur l’appelle.

— À la bonne heure, voilà ce qui s’appelle répondre. — Et si le roi daigne vous pardonner, prierez-vous pour le roi et son église ?

— Ah ! de tout mon cœur. Milord ; et je boirai à sa santé, par-dessus le marché, quand l’ale sera bonne.

— Eh ! dit le duc, c’est un vrai coq !… Mais qui vous a engagé, mon cher ami, à prendre part à cette révolte ?

— Le mauvais exemple, Milord, et une vieille folle de mère, sauf le respect que je dois à Votre Seigneurie.

— Fort bien. Je ne crois pas qu’on ait jamais à craindre que tu trames une trahison de ton propre chef. — Expédiez-lui son pardon pur et simple. — Faites avancer ce coquin qui est là-bas.

On amena Macbriar, et le président commença de même par lui demander s’il était à la bataille du pont de Bothwell.

— J’y étais, répondit-il d’une voix ferme et assurée.

— Étiez-vous armé ?

— Armé ? — Oui, — de la parole de Dieu, pour encourager ceux qui combattaient pour sa cause.

— C’est-à-dire que vous prêchiez la révolte contre le roi ?

— C’est toi qui l’as dit.

— Vous devez connaître John Balfour de Burley ?

— Oui, et j’en rends grâce à Dieu. C’est un chrétien sincère et zélé.