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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

c’est-à-dire à Fairy-Knowe. Mais c’est la volonté de Dieu que je sois éloignée d’elle en ce moment.

« Il faut donc que je vous dise que lord Evandale, étant appelé à l’armée par l’honneur et le devoir, désire vivement qu’avant son départ les saints nœuds du mariage l’unissent irrévocablement à vous. Je n’ai vu aucune objection à cette demande, puisque vous êtes fiancés, et que ce n’est que le complément du lien qui existe déjà entre vous. Je me flatte donc que mon Edith, qui a toujours été une fille soumise et respectueuse, n’élèvera pas de difficultés.


Nous n’abuserons pas de la patience de nos lecteurs en mettant sous leurs yeux le reste de la lettre de lady Marguerite ; elle se terminait par une injonction solennelle à sa petite-fille de procéder sans délai à la célébration de son mariage avec lord Evandale.

— Jusqu’à ce moment, je n’aurais pu croire que lord Evandale fût capable de manquer de générosité, dit miss Bellenden.

— Manquer de générosité, Edith ! pouvez-vous interpréter ainsi le désir que j’éprouve de vous appeler mon épouse, avant de vous quitter peut-être pour toujours ?

— Lord Evandale aurait dû se rappeler que lorsque sa persévérance, et je dois ajouter mon estime pour lui, m’ont enfin arraché le consentement de lui donner un jour ma main, j’y ai mis pour condition qu’on ne me presserait pas quant à l’époque où j’accomplirais ma promesse ; et maintenant il se prévaut de son influence sur la seule parente qui me reste, pour me forcer à une démarche si importante, sans m’accorder un seul instant de réflexion ! Dans une telle conduite, n’y a-t-il pas plus d’égoïsme que de générosité. Milord ?

Evandale parut blessé de ce reproche. — Vous m’auriez épargné, lui dit-il, une accusation qui m’est si pénible, si j’avais osé vous dire quel est le principal motif qui m’a déterminé à vous faire cette demande. Vous me forcez de vous le faire connaître, et je suis sûr qu’il ne peut manquer d’avoir du poids sur votre esprit, non par rapport à vous, mais en ce qui concerne votre vénérable aïeule, lady Marguerite. Je pars pour l’armée, et le destin de mon ami, le vicomte de Dundee, m’y attend peut-être : dans ce cas tous mes biens passent à un parent éloigné, par la loi de substitution ; ou je suis déclaré traître par le gouvernement usurpateur, et une confiscation peut me dépouiller au profit du prince d’Orange ou de quelque favori hollandais. Dans l’un comme dans l’autre cas, ma respectable amie lady Marguerite, et ma chère fiancée, resteraient sans fortune et sans protection ; au lieu que dans les droits