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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

et qui lui fendit la tête. Ce glaive a fait plus d’un grand exploit, et chacun de ses coups a été une délivrance pour l’église. — Oui, ajouta-t-il en le replongeant dans le fourreau, mais il lui reste encore plus à faire. Il doit extirper l’hérésie pestilentielle de l’érastianisme, venger la liberté de l’église, rendre au Covenant sa gloire. — Qu’ensuite la rouille le consume à côté de mes ossements.

— Songez donc, Burley, que vous n’avez ni les forces suffisantes ni les moyens nécessaires pour renverser un gouvernement aussi fermement établi. Le peuple est tranquille et satisfait ; on ne compte que peu de mécontents, et ce sont ceux qui tiennent encore pour le roi Jacques. Vous ne voudriez certainement pas vous joindre à des gens qui ne se serviraient de vos armes que pour faire réussir leurs projets particuliers.

— Ce sont eux, au contraire, qui assureront notre triomphe. J’ai été dans le camp du réprouvé Claverhouse. J’étais convenu avec lui d’un soulèvement général ; sans ce misérable Evandale, tout l’ouest serait en armes aujourd’hui. — Je le massacrerais, ajouta-t-il, embrassât-il le pied de l’autel. — Si tu voulais, toi le fils de mon ancien ami, déjouer ses projets sur miss Bellenden, épouser Edith ; si tu me faisais serment de mettre la main au grand œuvre avec un zèle égal à ton courage, ne crois pas que je préférasse l’amitié d’un Basile Olifant à la tienne ; je te remettrais à l’instant cette pièce (il lui montra un parchemin), qui est le testament du comte de Torwood, et tu lui rendrais la possession des biens de ses pères. Ce désir n’est plus sorti de mon cœur depuis le jour où je t’ai vu combattre si vaillamment au pont de Bothwell. Edith t’aimait, tu l’aimais aussi.

— Burley, dit Morton, je ne veux pas dissimuler, même avec vous. J’étais venu vous voir, dans l’espérance de vous décider à un acte de justice, et non dans aucune vue d’intérêt personnel : je n’ai pas réussi ; j’en suis fâché pour vous plus encore que pour ceux qui restent victimes de cette iniquité.

— Vous refusez donc mes offres ?

— Sans hésiter une seule minute. — Si l’honneur et la conscience avaient sur vous quelque empire, vous me remettriez ce parchemin, sans condition, pour que je le rende à ceux à qui il appartient.

— Qu’il soit donc anéanti ! s’écria Burley.

Et jetant le testament dans le brasier, il le poussa avec le pied au milieu des charbons enflammés.

Morton s’élança pour l’en arracher ; mais Burley le saisit lui-même au collet, et une lutte s’ensuivit. Tous deux ils étaient robustes, et la passion qui les animait redoublait leurs forces. Morton parvint pourtant à se dégager des liens serrés que formaient