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le nain noir

je consens à vous laisser visiter la tour. — Si ce n’est pas cette prisonnière que vous cherchiez, vous allez me la rendre, car je suis responsable de sa personne.

— Pour l’amour de Dieu, monsieur Earnscliff, dit Isabelle en joignant les mains d’un air de terreur, n’abandonnez pas une infortunée.

— Ne craignez rien, lui répondit-il. — Misérable, comment avez-vous osé insulter cette dame ?

— C’est ce dont je rendrai compte à ceux qui ont pour me faire cette question plus de droits que vous n’en pouvez avoir. Songez seulement que si vous me l’enlevez, c’est vous qui en serez responsable.

— C’est un imposteur ! dit Isabelle.

— Ainsi donc vous ne voulez pas me la rendre ?

— Vous la rendre, non certainement. Je suis aux ordres de miss Vere, et je suis prêt à la reconduire partout où elle le désirera.

— Cela est peut-être déjà arrangé entre vous deux.

— Et Grace ! s’écria Hobbie ; où est Grace ?

Et pendant qu’Earnscliff était tout occupé de miss Vere, il se précipita sur Willie le sabre à la main.

— Un instant, dit le brigand. Et se rapprochant de la porte que la vieille tenait entr’ouverte, il la franchit en toute hâte, puis la ferma aussitôt.

Hobbie voulut le frapper, mais il ne l’atteignit pas ; cependant le coup était si bien lancé, qu’il enleva un épais fragment du linteau.

Pendant ce temps miss Vere avait témoigné à Earnscliff le désir d’être reconduite sur-le-champ chez son père ; il s’empressa de la satisfaire, et cinq ou six jeunes gens s’offrirent pour lui servir d’escorte jusqu’à Ellieslaw. Mais Hobbie ne fut pas de ce nombre : rongé par le chagrin que lui faisaient éprouver les événements de cette journée, désespéré surtout de n’avoir pu retrouver sa chère Grace, il reprit tristement le chemin de la chaumière d’Annaple. Enfin, toute la bande de ses amis se dispersa quand ils eurent traversé le marais, et le maraudeur avec sa mère les suivirent de l’œil jusqu’à ce qu’ils eussent disparu.