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LE NAIN NOIR

dans ma conduite ne peut donner lieu à un tel soupçon, je m’aperçois que M. Vere paraît croire que j’ai eu quelque part à l’enlèvement de sa fille ; faites attention, je vous prie, que je le nie formellement ; et quoique je puisse pardonner l’égarement d’un père, si quelqu’un de vous, ajouta-t-il en fixant les yeux sur Frédéric Langley, pense que mon désaveu, l’assertion de miss Isabelle et le témoignage de mes amis ne suffisent pas pour ma justification, je serai heureux de pouvoir me disculper par tous les moyens qui conviennent à un homme qui tient à son honneur plus qu’à sa vie.

— Et je lui servirai de second, s’écria Simon d’Ackburn : ainsi, que deux de vous se présentent, gentilshommes ou non, je m’en moque.

— Quel est, dit sir Frédéric, ce manant qui prétend se mêler des querelles de ses supérieurs ?

— C’est un manant qui ne doit rien à personne, répliqua Simon, et qui ne reconnaît pour supérieurs que son roi et le laird sur les terres duquel il vit.

— Allons, Messieurs, dit Mareschal, point de querelles ! — Earnscliff, nous n’avons pas la même façon de penser sur tous les points ; nous pouvons nous trouver opposés, même ennemis ; mais si la fortune le veut ainsi, je suis persuadé que nous n’en conserverons pas moins les égards et une estime réciproques. Je suis convaincu que vous êtes aussi innocent que moi-même de l’enlèvement de ma cousine, et dès qu’Ellieslaw sera remis de l’agitation que cet événement lui a occasionnée, il s’empressera de reconnaître le service que vous lui avez rendu.

— J’ai trouvé ma récompense dans le plaisir d’être utile à votre cousine, répondit Earnscliff. Mais je vois que votre compagnie est déjà dans l’allée du château d’Ellieslaw. — Saluant alors Mareschal et ses compagnons, il tourna du côté de Heugh-Foot, afin de se concerter avec Hobbie sur les moyens à employer pour retrouver Grace Armstrong, car il ignorait encore qu’elle fût de retour.

— Sur mon âme, c’est un brave jeune homme, dit Mareschal à ses compagnons.

— Je crois, dit sir Frédéric, que nous avons eu grand tort de ne pas le désarmer. Vous verrez qu’il sera un des chefs du parti whig.

— Pouvez-vous parler ainsi, sir Frédéric ? Croyez-vous qu’Ellieslaw consentît jamais à ce qu’on fît un pareil outrage, sur ses terres, à un homme qui s’y présente pour lui ramener sa fille ? Et, quand il y consentirait, pensez-vous que moi, que ces messieurs, nous voudrions nous déshonorer, en restant spectateurs tranquilles d’une telle indignité ? Non, non. La vieille Écosse et la loyauté ! voilà mon cri de ralliement. Quand l’épée sera tirée, je sais comment il