Aller au contenu

Page:Scott - Oeuvres de Walter Scott, trad Defauconpret, 1836.djvu/435

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vallon : ils fuient le trépas inévitable ; leurs cris de terreur se mêlent aux menaces de ceux qui les poursuivent ; derrière eux flottent les panaches et les plaids des montagnards qui agitent leurs larges claymores et les serrent de près. Vainqueurs et fuyards, tous se pressent pèle-même ! Comment les lances des Saxons soutiendront-elles le choc de ce torrent ?

— Baissez vos lances, s’écrie Mar, baissez vos lances ; repoussez amis et ennemis.

— Telle que des roseaux courbés par le souffle de l’orage, cette forêt de lances est soudain abaissée ; les soldats serrent leurs rangs et attendent de pied ferme le choc qui les menace. — Nous réduirons ces sauvages montagnards, dit le comte, comme leur tinchel[1] dompte les bêtes fauves ! ils arrivent avec l’impétuosité d’un troupeau de daims ; comme eux, ils retourneront plus dociles dans leurs forêts !

XVIII.

— Le clan d’Alpine se précipite comme un torrent écumeux entraînant devant lui les débris des archers. Les montagnards brandissent sur leurs têtes leurs épées qui brillent comme des flots de lumière ; et, unissant leurs noirs boucliers, ils se pressent sur les fuyards avec l’aveugle fureur de l’Océan battu par l’aile de la tempête.

— J’entendis les lances se rompre, comme les frênes que brise l’ouragan ; j’entendis le son des claymores, semblable au bruit de mille enclumes. Mais Moray fait faire un détour aux cavaliers de son arrière-garde, et tombe sur les flancs des guerriers d’alpine.

— Avance, mon porte-étendard, s’écrie-t-il ; je vois leur colonne qui se rompt : allons, braves amis, pour l’amour de vos dames, fondez sur eux avec la lance !

— Les cavaliers se précipitent parmi les montagnards comme le cerf s’élance à travers les touffes de genêt. Leurs coursiers sont animés, leurs glaives sont tirés du fourreau ; ils ont dans un instant éclairci les phalanges ennemies : les meilleurs soldats du clan d’Alpine sont hors de combat. Où était Roderic ? une fanfare de son cor eût valu mille guerriers.

— Ces flots de combattans, qui étaient sortis de la gorge du défilé, y sont repoussés ; on a cessé de voir la lance des Saxons et

  1. Des chasseurs entourent une grande étendue de terrain, et, rétrécissant peu à peu le cercle, rassemblent au milieu d’eux de nombreux troupeaux de daims, qui font d’inutiles efforts pour rompre le tinchel. Voyez les détails de cette chasse dans Waverley.