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Page:Scott - Oeuvres de Walter Scott, trad Defauconpret, 1836.djvu/440

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vous accorder la faveur que vous désirez, et de conserver la vie de votre noble père ; je ne puis qu’être votre guide, chère Hélène, pour implorer avec vous le roi d’Ecosse. Jacques n’est pas un tyran, quoique la colère et son orgueil blessé lui fassent oublier parfois son bon cœur. Venez, Hélène ; venez !… Il est temps ; le prince tient sa cour de bonne heure.

Le cœur ému et palpitant de crainte, Hélène prit le bras du chevalier comme celui d’un frère. Fitz-James essuya avec douceur les larmes de la fille de Douglas, et lui dit tout bas d’espérer et d’avoir bon courage. Il guida ses pas chancelans, à travers de riches galeries et sous de hautes arcades, jusqu’à un portique dont les deux battans s’ouvrirent aussitôt que sa main les eut touchés.

XXVI.

L’appartement où ils entrèrent était étincelant de lumières et rempli d’un cortège brillant. Les yeux d’Hélène furent éblouis, comme lorsque le soleil couchant embellit l’horizon du soir de mille couleurs que l’imagination transforme en chevaliers aériens et en dames fantastiques.

Hélène restait immobile auprès de Fitz-James ; elle fit ensuite quelques pas timides, leva lentement la tête, et promena ses regards craintifs dans la salle, pour chercher celui qui tenait le sceptre, ce prince redouté, dont la volonté servait de loi !… Elle vit plusieurs chevaliers dont l’aspect était digne d’un monarque, et bien faits pour présider la cour ; elle vit maint vêtement splendide ; et puis elle se retourna surprise et comme effrayée ; car tous avaient la tête découverte, et Fitz-James seul gardait sa toque et son panache. Les yeux des dames et des courtisans étaient tournés vers lui. Au milieu de tous ces riches joyaux, de ces costumes magnifiques, Fitz-James, vêtu de simple drap vert de Lincoln, était le centre de ce cercle brillant : le chevalier de Snowdoun est le roi d’Ecosse lui-même (q) !

XXVII.

Comme une guirlande de neige se détache du rocher qui lui servait d’appui, la pauvre Hélène abandonne le bras du monarque, et tombe à ses genoux. Sa voix étouffée ne prononce aucune parole… elle montre la bague et croise ses mains. Le prince généreux ne put souffrir ce regard suppliant ; il la releva avec douceur, et fit cesser d’un coup d’œil le sourire de sa cour. Rempli de