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Page:Scott - Oeuvres de Walter Scott, trad Defauconpret, 1836.djvu/446

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tirèrent à Ben-Venu, par un charme invincible, dans un moment de danger, où le glaive montagnard faillit trancher les jours du monarque.

Il poursuivit à haute voix : Vous tenez encore le petit talisman, gage de ma parole, l’anneau de Fitz-James ; qu’avez-vous, belle Hélène, à demander au roi ?

XXIX.

La jeune fille comprit aisément que le prince sondait la faiblesse de son cœur : avec cette pensée se réveillèrent ses craintes pour Græme ; mais elle pensa en même temps que la colère du monarque devait être allumée surtout contre celui qui avait tiré un fer rebelle en faveur de son père ; et, constante dans ses sentimens généreux, elle implora la grâce de Roderic.

— Fais-moi une autre demande, dit Jacques ; le roi des rois peut seul arrêter l’essor d’une vie prête à s’échapper. Je connais le cœur de Roderic, je connais sa vaillance ; j’ai partagé son repas et éprouvé son épée, je donnerais la plus belle de mes provinces pour prolonger les jours du chef du clan d’Alpine : n’as-tu pas une autre faveur à solliciter, un autre captif à sauver ?

Hélène rougit et détourna les yeux ; elle remit la bague à Douglas, comme pour prier son père d’adresser pour elle la demande qui la faisait rougir.

— Non, non ! dit le roi ; mon gage a perdu sa vertu ; la justice sévère reprend son cours. Approche, Malcolm. Et Græme vint fléchir le genou auprès du monarque.

— Personne n’implore ta grâce, audacieux jeune homme, ajouta celui-ci ; la vengeance réclame ses droits contre l’ingrat qui, élevé sous notre protection, a payé nos soins par des trahisons, et cherché dans son clan fidèle un refuge pour un proscrit : tu as déshonoré le nom de tes ancêtres, connus par leur loyauté ; il faut des fers et un gardien pour Græme.

A ces mots, le roi détache en souriant sa chaîne d’or, la passe au cou de Malcolm, et remet dans les mains d’Hélène l’agrafe qui en réunit les brillans anneaux[1].

  1. « Maintenant, me laissant de côté, permettez-moi de vous parler du prince-régent. Il ordonna que je lui fusse présenté dans un bal, et après quelques paroles très flatteuses sur mes propres essais, il me parla de vous et de votre immortalité. Il vous préfère à tous les poètes passés et présens, et me demanda lequel de vos ouvrages me plaisait davantage : c’était une question difficile. Je pense que c’est le Lai, répondis-je. Il répliqua que sa propre opinion était presque semblable. Parlant de vos autres poëmes, je lui répondis — qu’il me semblait que vous étiez plus particulièrement le poète des princes, que jamais ils n’avaient paru plus attrayans que dans Marmion et la Dame du Lac. Le prince se plut à accueillir cette idée, et appuya sur le caractère non moins royal que poétique que vous avez donné à Jacques. Ensuite il parla tour à tour d’Homère et de vous, et